mercredi 15 juillet 2015

Emprunts toxiques : vers une opération séduction de l’Etat

http://www.lagazettedescommunes.com/378472/fonds-de-soutien-aux-emprunts-toxiques-vers-une-operation-seduction-de-letat/


Fonds de soutien aux emprunts toxiques : vers une opération séduction de l’Etat
Considéré comme trop fragile, le fonds de soutien aux emprunts toxiques pourrait être aménagé pour convaincre les collectivités territoriales de renoncer à la voie judiciaire.

Nécessaire mais pas encore suffisant. Selon le consultant en finances locales Michel Klopfer, le fonds de soutien aux emprunts toxiques, créé en 2014 et destiné à aider les collectivités affectées par ces emprunts, n’est pas assez sécurisé. En effet, les 676 collectivités qui l’ont sollicité en avril devront, dans quelques mois, choisir entre ce fonds et le recours en justice, comme le prévoit la loi du 29 juillet 2014.

Or, dans sa mouture actuelle, il n’est pas jugé suffisamment attractif pour convaincre les collectivités d’y adhérer définitivement d’autant qu’un récent jugement s’annonce « prometteur » pour celles qui veulent en découdre avec leur banque.

Aussi le consultant espère-t-il obtenir de l’Etat des assouplissements susceptibles de sécuriser ce fonds. Avec succès ? « Je sens un frémissement des ministères pour accorder la possibilité aux collectivités d’inscrire une créance sur le fonds qui viendra officiellement en déduction de leurs ratios d’endettement. »

Cet aménagement serait une vraie bouffée d’oxygène pour les petites communes et les départements qui voient leur équilibre financier gravement menacé par la baisse de dotations de l’Etat et leur capacité d’accès au crédit se dégrader d’autant.

Revoir la nomenclature comptable
« Que les collectivités doivent passer par un endettement supplémentaire pour payer les indemnités de remboursement anticipé pose une vraie difficulté, car certaines d’entre elles ayant souscrit au fonds ont déjà une dette à la limite du supportable », admet Régis Baudoin, directeur du service de pilotage du dispositif de sortie des emprunts à risque à Bercy. « Mais, si le problème est bien identifié, les solutions n’en sont encore qu’à l’état de réflexions et passent aussi par les collectivités qui doivent faire de vrais choix politiques », nuance-t-il.
Le président des Acteurs publics contre les emprunts toxiques (Apcet), Christophe Greffet se montre tout aussi prudent : « Je reste dubitatif car déduire la créance sur le fonds de son endettement exige de revoir la nomenclature comptable. Je ne suis pas sûr que l’on puisse faire disparaître cette créance d’un seul coup. »
Conscient de cette difficulté, Michel Klopfer demande que « ce mode de calcul soit labellisé par la DGCL et la DGFIP  et, et intégré dans les annexes au futur compte administratif 2015, pour qu’il soit admis par les prêteurs et les agences de notation ».
Si cette déduction opportune devient possible, elle ne lèvera cependant pas tous les doutes sur ce dispositif jugé fragile par l’Apcet. « Même si ce fonds est adossé à une recette, celle-ci est liée aux ressources de l’Etat dont on connaît les difficultés aujourd’hui. Qu’en sera-t-il dans quinze ans ? » s’interroge le président de l’Apcet qui conseille à ses membres de ne pas renoncer au recours judiciaire. « Il n’y a pas à douter de cette ligne budgétaire, répond Régis Baudoin. L’Etat tiendra bien cette ligne le temps de la durée de validité du fonds et alimentera les recettes de fonctionnement des collectivités qui l’ont sollicité. »
Pour en finir avec l’incertitude concernant la durée de la prise en compte « sur trois ans renouvelables » du coût des réaménagements de dette structurée et des bonifications des échéances potentiellement dégradées, Michel Klopfer préconise une garantie pendant toute la durée du fonds. « Ainsi, les collectivités qui seraient amenées à renoncer définitivement à leurs assignations sur les contrats CMS [constant maturity swap] seraient certaines d’être couvertes au-delà de 2018 », assure-t-il.

Elément de négociation
D’autres assouplissements sont sur la table des pouvoirs publics comme l’évacuation rapide en trois ans des contrats les plus risqués EUR/CHF avec la bonification de l’échéance résiduelle ainsi que la rétroactivité de la bonification de toutes les échéances dégradées en EUR/CHF ou en USD/CHF intervenues depuis le 1er janvier 2015.
Ces mesures amélioreraient rapidement les comptes administratifs des collectivités concernées et « justifieraient politiquement le choix d’une transaction avec la banque », insiste Michel Klopfer. « Ces évolutions seraient un bon élément de négociation avec les banques dont les engagements n’ont toujours pas évolué », répond l’Apcet. Et de prévenir : « En attendant, on ne lâche pas la proie pour l’ombre. »

Un automne très chaud

Il faudra attendre la promulgation de la loi « Notre », probablement pas avant fin août, pour que débutent les négociations entre les collectivités et les banques. C’est aussi à partir de septembre qu’une série de jugements est attendue. Ce n’est donc qu’à la fin de l’année que l’on saura qui aura recours au fonds de soutien ou à la justice.

vendredi 3 juillet 2015

Emprunts toxiques. La ville de Lanester "sort du risque"

http://www.ouest-france.fr/emprunts-toxiques-la-ville-de-lanester-sort-du-risque-3530882


Emprunts toxiques. La ville de Lanester "sort du risque"

"La commune n’avait alors pas d’autre proposition pour financer ses investissements, explique le maire Thérèse Thiéry. Dexia, ancien Crédit Local de France, a abusé de façon scandaleuse de la relation de confiance entretenue de longue date avec les communes."

Le fonds de soutien plutôt qu'un recours

Certaines collectivités ont décidé d’engager un recours contre la banque. La commune a préféré s'inscrire au fonds de soutien proposé par l'Etat et a ouvert des négociations avec la Société de Financement Local (SFIL, ex-Dexia).

Cette décision permet à la commune de bénéficier d’une aide de l’État de 13,2 M€ pour payer l’indemnité de remboursement anticipée des trois crédits concernés (17,4 millions d'euros de capital restant dû). 

La Ville prend en charge la part restante de l’indemnité (3,37 millions d'euros).

Un nouveau prêt à taux fixe

La collectivité remplace ses anciens prêts par un nouveau prêt, indexé sur un taux fixe de 3,51% sur 19 ans.

"Se projeter sur des bases saines"

Plus de 92% de la dette de Lanester sera contractée à taux fixe, les 8% restant étant à taux variable. "La Ville sort du risque en réglant définitivement la question des crédits structurés, commente le maire. Cela permet aux élus et aux services de se projeter sur des bases saines. C’est une sage décision, courageuse et responsable pour les Lanestériens d’aujourd’hui et de demain."

mercredi 1 juillet 2015

Emprunts Toxiques : M. Klopfer : « Des aménagements au fonds de soutien se profilent »

http://www.lagazettedescommunes.com/374550/m-klopfer-des-amenagements-au-fonds-de-soutien-se-profilent/

M. Klopfer : « Des aménagements au fonds de soutien se profilent »

Alors que des décisions de justice favorables aux collectivités se succèdent, l’Etat pourrait accepter d’assouplir certaines mesures pour sécuriser le recours au fonds de soutien, notamment la possibilité de déduire la créance sur le fonds de l’encours de dette. Explications du consultant Michel Klopfer.

676 collectivités sur 850 concernées ont sollicité l’aide du fonds de soutien. Le problème des emprunts toxiques est en voie de règlement…

Il est trop tôt pour le dire. Rien n’est joué car ce n’était à ce stade qu’une sollicitation sans engagement de part et d’autre. Et comme le passage du taux maximal d’aide de 45 % à 75 % nécessite un véhicule législatif, que le véhicule choisi est la loi NOTR(e) et que cette loi ne devrait pas être promulguée avant, au mieux, fin août, les véritables négociations entre prêteurs et emprunteurs ne se dérouleront qu’à l’automne.

Ce n’est donc qu’en décembre prochain que l’on fera le décompte de ceux qui auront choisi le fonds et, donc, renoncé au recours en justice.


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la gazette des communes.

Emprunts toxiques: Dexia condamnée pour défaut d'information

http://lexpansion.lexpress.fr/actualites/1/actualite-economique/emprunts-toxiques-dexia-condamnee-pour-defaut-d-information_1695013.html

Emprunts toxiques: Dexia condamnée pour défaut d'information

Nanterre - La banque Dexia a été condamnée vendredi à Nanterre pour défaut d'information face à la petite commune bretonne de Saint-Cast-le-Guildo, aux prises avec un emprunt toxique, une première, a-t-on appris mardi de sources concordantes.

Dans son jugement, le tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine) pointe le "manquement de Dexia crédit Local à son obligation d'information et de mise en garde" et condamne la banque et la Caisse française de financement local (Caffil, véhicule de refinancement de la banque des collectivités Sfil), à payer 826.260 euros de dommages et intérêts à la commune. 

En cause: un emprunt structuré de 3,6 millions d'euros souscrit en 2007 pour 28 ans par cette station balnéaire des Côtes d'Armor pour aménager un port, dont le taux d'intérêt, calqué sur la parité euro/franc suisse, n'a cessé de gonfler, étranglant la commune. De 3,99% au départ, il est passé à plus de 24% aujourd'hui, selon le maire de Saint-Cast-le-Guildo, Josiane Allory. 

C'est la première fois que Dexia est condamnée pour défaut d'information, selon une source proche du dossier et Me Hélène Feron-Poloni, qui défend Saint-Cast et d'autres petites collectivités. "Dexia n'avait jamais été condamnée pour les conditions dans lesquelles elle commercialise ces emprunts toxiques", a soulevé l'avocate. 

Le prêt incriminé figure aujourd'hui au bilan de la Caffil. 


"Le caractère averti" des membres du conseil municipal s'agissant de finance de marché n'étant "pas prouvé", Dexia "avait une obligation d'information et de mise en garde sur l'ensemble des caractéristiques du prêt litigieux", selon le tribunal. 

Toutefois, "la prudence aurait dû légitimement conduire (la commune) à s'abstenir de conclure un acte complexe et opaque", notent aussi les juges. 


- 676 collectivités concernées - 

Ainsi, en condamnant Dexia à payer 826.260 euros de dommages et intérêts, le tribunal "met à charge de la banque 50% du surcoût des intérêts liés au caractère toxique du prêt", selon l'avocate, et non la totalité du surcoût. 

Le tribunal a en revanche refusé de prononcer la nullité du contrat de prêt et condamné la commune à payer 1,5 million d'euros d'intérêts, déjà provisionnés, qu'elle avait cessé de débourser entre 2012 et 2014 dans l'attente de la décision du TGI. 

Contactée par l'AFP, Dexia n'a pas souhaité commenter la décision de justice, mais indiqué que "la solution est celle du fonds de soutien mis en place par l'Etat, pas l'action judiciaire"

"Si Saint-Cast avait fait appel au fonds, la commune aurait obtenu une aide de plusieurs millions d'euros, soit bien plus que la somme qui est due pour manquement de Dexia à son obligation d'information", a réagi la Sfil.  

A la date butoir du 30 avril, quelque 676 collectivités concernées par des emprunts toxiques avaient déposé un dossier auprès de ce fonds de soutien. Saint-Cast-le-Guildo n'en fait pas partie car, "financièrement, elle ne peut pas se permettre d'enclencher un remboursement anticipé", selon Me Feron-Poloni. 

Hors intérêts, les 1.163 prêts que ces 676 collectivités cherchent à renégocier représentent un montant de 6,7 milliards d'euros, alors que le montant total des crédits toxiques contractés par l'ensemble des collectivités françaises s'élève à quelque 8 milliards d'euros. 

"Les habitants de Saint-Cast-le-Guildo avaient l'impression que c'était le combat du pot de terre contre le pot de fer", a commenté le maire. "C'est un soulagement car la condamnation est liée à un défaut d'information et de mise en garde" de la part de Dexia, qui avait "exploité notre ignorance sur ce prêt très complexe", a-t-elle ajouté.


Et aussi...

 http://www.liberation.fr/economie/2015/06/30/emprunts-toxiques-dexia-condamnee-pour-defaut-d-information_1340628