LE MONDE |
Fabrice Brégier a de la suite dans les idées. A l'automne 2011,
le directeur général d'Airbus déplorait, dans ces colonnes,
l'attitude "incompréhensible" des banquiers
français à l'égard des entreprises sous-traitantes de la filière
aéronautique, qui avaient le plus grand mal à trouver des
financements pour leur développement. Et il appelait les banques à
"reprendre leur rôle et à financer
l'activité industrielle", en leur signalant que "la
fabrication d'avions n'a rien à voir avec des actifs toxiques"...
Devant la frilosité persistante des banquiers, le groupement des
industries françaises aéronautiques et spatiales, Airbus en tête,
a décidé de donner un sérieux coup de main aux PME sous-traitantes
de la filière. Non pas en les finançant directement, mais en leur
garantissant des commandes fermes à six mois, voire ultérieurement
à un an, afin de faciliter leur accès au crédit.
Cette initiative n'est pas anecdotique. Elle est symptomatique, au
contraire, d'une situation que l'on peut juger surréaliste. D'un
côté, en effet, tous les candidats à l'élection présidentielle,
à commencer par Nicolas Sarkozy, François Hollande et François
Bayrou, se disent déterminés à engager la bataille de la
compétitivité et de la réindustiralisation du pays. Tous
considèrent, à raison, comme décisif le financement de ces PME
innovantes et performantes qui sont le moteur, par exemple, du
dynamisme industriel allemand. Or, dans le même temps, les banques
européennes, et les françaises au même titre que les autres, ont
été inondées de liquidités par la Banque centrale européenne : 1
000 milliards d'euros de prêts bonifiés, à 1 % de taux d'intérêt,
leur ont été accordés en l'espace de quelques mois. Il s'agissait
de leur donner les moyens de résister au tsumani financier provoqué
par la crise des dettes souveraines de l'été 2011. C'était aussi
indispensable qu'urgent pour éviter credit crunch, crise du
crédit ou faillites bancaires.
Mais si le pire a été évité, le meilleur est loin d'être
atteint : cette injection massive de liquidités n'a pas fait
redémarrer les prêts à l'économie réelle. Loin s'en faut, même
pour un secteur aussi dynamique et rentable que l'aéronautique. Le
volume des crédits a encore ralenti en février dans la zone euro.
La panne sèche menace dans de nombreux secteurs, notamment dans
l'industrie et le secteur public local, dont les investissements sont
pourtant essentiels au retour de la croissance.
En France pourtant, jamais les banques n'ont autant sélectionné
les risques, au point de déserter des pans entiers de l'économie,
en particulier les PME, très présentes dans la sous-traitance
industrielle. Si le rôle des banques est capital lorsque la
croissance est là, il devient vital quand elle fait défaut et doit
être soutenue.
Leur responsabilité est évidemment de garantir la solidité de
leur propre bilan. Mais leur mission première est de financer
l'économie réelle, à des taux raisonnables et selon une prise de
risque mesurée, grâce notamment à l'argent qui leur a été
massivement prêté par la BCE. Y a-t-il un banquier civique dans
l'avion
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire