mardi 21 février 2012

Comment Dexia est tombée si bas

http://lexpansion.lexpress.fr/entreprise/comment-dexia-est-tombee-si-bas_283575.html

Ce jeudi, le groupe franco-belge devrait publier une perte avoisinant les 12 milliards d'euros en 2011, selon Les Échos. Une frénésie d'acquisitions, les crises financières, le scandale des prêts toxiques aux municipalités, et des problèmes récurrents de refinancement, autant de facteurs qui expliquent le gouffre financier de la banque franco-belge.

Des emplettes onéreuses
Les Échos dresse la longue liste des acquisitions de la Banque franco-belge. Dès 1998, Dexia s'empare de l'italien Crediop et de l'assureur belge Elvia Assurance. Un an plus tard, le groupe met la main sur la banque Internationale du Luxembourg pour 915 millions d'euros, et sur 20% du Crédit du Nord. Puis, avant de se tourner vers les États-Unis, le groupe jette ensuite son dévolu sur la banque Labouchère aux Pays-bas, pour 896 millions d'euros, et prend une participation dans Kempen pour plus d'un milliard. Il met la main en France sur Bancoval et la financière Opale et Artesia en Belgique, le tout pour 3,3 milliards d'euros. En 2000 Dexia part à la conquête des États-Unis avec le rachat du réhausseur de crédit Financial Security Assurance (FSA) qui lui coûte 2,6 milliards de dollars.
Le scandale des prêts toxiques
Cette frénésie d'achats pèse dans les comptes de Dexia. En 2001, ils sont tout juste équilibrés. Pour restaurer ses marges la banque franco-belge encourage les collectivités locales à souscrire à des emprunts à hauts rendements qui s'évèreront "toxiques". Des années durant, la banque est mise en cause dans le scandale de ces montages financiers sophistiqués qui ont plombés des milliers de communes. Et depuis 2009, Dexia est régulièrement attaquée en justice. Conséquence directe, même si la banque détient toujours 40% des encours aux collectivités locales, celles-ci sont moins disposées à se financer auprès d'elle. Sans compter que les collectivités plombées par la crise économique voit leurs ressources fondre à vue d'oeil. Dexia ne réalise que 15% des nouvelles transactions. De quoi fragiliser encore son bilan.
La crise des subprimes En 2007, les difficultés redoublent d'intensité avec la crise des subprimes aux États-Unis. FSA, la filiale américaine de Dexia, à l'origine de la tourmente, s'est risqué de longue date dans la frénésie de la bulle spéculative des crédits immobiliers à risques, et causé des milliards de pertes à sa maison-mère. En juillet 2009, Dexia se débarasse de la plupart de ses actifs toxiques liés aux subprimes en revendant FSA.
Un premier sauvetage en 2008 En 2008, Paris et Bruxelles mettent la main au portefeuille pour sauver Dexia de la faillite. Les gouvernements français, belge et luxembourgeois déboursent 6,4 milliards d'euros pour prendre le contrôle de la banque.
Des cessions d'actifs insuffisantes Dexia s'est engagée dans un vaste plan de cessions d'actifs. Entre fin 2008 et fin mars 2001, son bilan est passé de 651 milliards d'euros à 527 milliard. Mais la banque des collectivités locales continue de payer les conséquences de son expansion tous azimuts. Ces cessions s'avèrent insuffisantes.
Dexia toujours en panne de liquidités
Privé d'un réseau de banque de détail, Dexia est obligée de passer par le marché interbancaire pour se financer. Or, depuis toujours, Dexia a eu du mal à trouver des ressources sur le marché à court terme. Des difficultés aggravées, ces dernières années par l'ampleur de son portefeuille d'obligations d'États, passé entre 2006 et 2008 de 106 à 162 milliards d'euros. Dexia détient beaucoup trop d'actifs et de prêts à long terme et trop peu de dépôts. Depuis 2008, la banque a fait un gros effort pour réduire ses besoins d'argent frais: ils sont passés de 265 milliards d'euros à 96 milliards en 2011. C'est encore trop. La banque franco-belge détient en effet un portefeuille obligataire d'environ 100 milliards d'euros dans lequel figurent des filiales de financement des collectivités publiques européennes (Crediop et Dexia Sabadell en Italie et en Espagne) et des dettes souveraines de pays en difficulté (3,7 milliards d'euros d'obligations grecques).
Le démantèlement de Dexia
Après la crise des subprimes, celle de la crise de la dette de la zone euro frappe de plein fouet Dexia. La Belgique et la France sont contraintes une fois encore de voler au secours de Dexia au bord de la faillite. Les deux pays échaffaudent le plan de démantèlement du groupe.
À l'État belge de nationaliser Dexia Banque Belgique (DBB), la branche belge spécialisée dans la banque de dépôts, pour 4 milliards d'euros.
Et il revient à la France d'adosser les activités françaises de Dexia Municipal Agency (DMA), spécialisée dans le financement des collectivités, à la CDC, qui a acquis 65 % du capital de DMA, en partenariat avec La Banque postale (5 %). Les Etats actionnaires ont donc décidé de fournir à la banque les moyens de se refinancer sur les marchés en lui apportant leurs cautions pour lever jusqu'à 90 milliards d'euros. La répartition de cette garantie se fera à l'identique de celle du plan de sauvetage de 2008: soit 60,5% pour la Belgique (54 milliards d'euros), 36,5% pour la France et 3% pour le Luxembourg.
Enfin,
une bad bank abritera à la fois les prêts toxiques.et les filiales à céder non toxiques mais susceptibles d'enregistrer des moins-values. Ce portefeuille évalué à 250 millions d'euros par les Échos, et qui comprend 31 milliards d'obligations souveraines grecques, italiennes, espagnoles, portugaises, irlandaises, a été isolé et placé dans la holding Dexia SA, le temps que celle-ci les vende. Les cessions n'ayant pas été réalisées, on ignore pour l'instant à combien s'élèvera la perte finale. À titre de comparaison, la Cour des comptes évaluait en 2008 le coût du Consortium de réalisation (CDR) créé pour assainir le Crédit Lyonnais et rejoint par les bad banks du Gan et du Comptoir des entrepreneurs à 20 milliards d'euros pour l'Etat. Soit 330 euros par Français...

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