Dexia prendra les premières pertes sur son portefeuille de prêts toxiques
Par Alexandre Garabedian le 13 ocobre 2011 |
Paris garantira bien Dexia deux fois. Au titre de son refinancement, pour un montant maximum de 32,85 milliards d’euros jusqu’au 31 décembre 2021, mais aussi pour prévenir d’éventuelles pertes sur les prêts aux collectivités locales logés dans Dexia Municipal Agency (Dexma). Cette dernière doit s’adosser à la Caisse des dépôts (à hauteur de 65%), tandis que Dexia en conserverait 30% et que la Banque Postale en prendrait 5%. Le portefeuille de la société comprend environ 10 milliards d’euros de crédits structurés aux collectivités locales, contestés pour leur toxicité. L’Etat français a accepté de garantir les actionnaires contre le risque de restructuration de ces prêts, mais à deux conditions. Les 500 millions d’euros de premières pertes seront à la charge de Dexia. Au-delà, le partage des pertes se fera à 30% pour la banque franco-belge, et à 70% pour le contribuable français. La France fait le pari que les charges liées aux prêts «toxiques» resteront inférieures à 500 millions et ne coûteront donc rien au contribuable. D’abord parce que les 5 à 6 milliards d’euros de prêts (structurés ou non) renégociés par Dexia depuis 2008 n’ont pas forcément occasionné de coût pour la banque. En outre, «le motif du défaut de conseil peut éventuellement être recevable pour de petites collectivités, qui ont de petits prêts, mais beaucoup moins pour les grandes, là où les montants des prêts sont les plus importants», souligne un proche des discussions. L’accord était néanmoins nécessaire pour convaincre deux parties. La Belgique, d’une part, qui a accepté de garantir, comme en 2008, à hauteur de 60% le financement de Dexia SA, à condition de limiter son risque sur les prêts aux collectivités françaises. La Caisse des dépôts, surtout, futur actionnaire majoritaire. L’institution de la rue de Lille négocie aussi son risque sur le solde du portefeuille de Dexma. Sur la soixantaine de milliards d’euros de prêts classiques, la CDC prendrait les premières pertes jusqu’à 0,1%, et Dexia au-delà. Mais le risque de ce portefeuille est jugé quasi-nul. Reste, avec tous ces éléments, à fixer le prix du rachat de Dexma (de 250 à 380 millions). Dexia supportera le coût de la garantie publique. Celle-ci sera rémunérée «conformément aux exigences européennes», a indiqué hier l’Elysée. Le projet de loi de Finances rectificative présenté hier en Conseil des ministres doit être voté lundi à l’Assemblée. |
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